Christophe Simon, responsable de la photo AFP au Brésil raconte son projet dans la favela Cidade de Deus. Pendant 4 mois, il a équipé plusieurs enfants d’appareils photos pour leur donner la possibilité de montrer leur football.
Cet extrait est tiré d’un article complet disponible sur le site du quotidien algérien El Watan ici
De Rio De Janeiro
Dans les favelas du Brésil, les gamins jouent au foot tout le temps, partout. Avec des ballons râpés. Sur des terrains vagues poussiéreux. Contre les murs des maisons… En prévision du Mondial 2014, je cherchais une façon d’illustrer les origines de cette ferveur des Brésiliens pour le football. Et pour ce faire, quoi de mieux que demander à une poignée de ces enfants des favelas de me montrer leur passion avec leur propre regard ? Depuis mon arrivée à Rio, en 2011, j’ai couvert de nombreuses opérations de «pacification» des favelas par les forces de sécurité destinées à améliorer l’image de la ville en prévision du Mondial et des Jeux olympiques deux ans plus tard. Bardé de mes appareils, je circulais dans les rues pour suivre la progression de l’armée et de la police à travers les ruelles sordides.
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Tous les week-ends ou presque, de février à mai 2013, Tony et moi avons accompagné à travers les rues du quartier des groupes d’entre trois et dix enfants de dix à quinze ans. Chacun était muni d’un appareil photo et avait la mission de ramener des images ayant pour thème le football. Les séances duraient généralement trois ou quatre heures, parfois des journées entières. Cela n’a pas été simple à organiser. A chaque fois il fallait passer chercher les gamins chez eux, les raccompagner à la fin, arriver en même temps aux mêmes endroits, prendre des photos sans qu’aucun membre de notre groupe ne figure dans le champ. Je leur ai appris les rudiments du métier et leur ai imposé quelques règles de base, comme l’interdiction de faire poser les gens (difficile à appliquer dans un pays où les gens adorent le faire) ou d’utiliser le flash.
L’expérience a été passionnante et le résultat surprenant. Que ces enfants aient été capables de produire d’aussi bonnes photos m’a émerveillé. Si j’avais décidé de traiter ce sujet moi-même, j’aurais utilisé mes codes à moi, mon regard personnel. Là, des jeunes ont eu la possibilité de montrer les lieux où ils vivent et l’origine de leur passion pour le foot. Le résultat, je pense, n’en est que plus sincère.
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Soixante-dix photos ont été sélectionnées par les formateurs et sont disponibles sur la plateforme de diffusion photo de l’AFP, ImageForum. Toutes les recettes éventuelles tirées des ventes seront reversées à l’association Casa Geraçao dont la vocation est de proposer des activités de professionnalisation aux jeunes des favelas. Grâce, notamment, aux ventes de ces images et avec l’aide de l’association Casa Geraçao, l’AFP souhaiterait poursuivre le projet en s’impliquant dans la mise en place d’un atelier photo pour les jeunes des favelas jusqu’aux JO de 2016.
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