« Scier la Catherinette », serrar a velha ou serração da velha, est une tradition populaire apportée au Brésil par les portugais au XVe et au XVIe siècle. Au Portugal cette tradition était mise en scène dans la nuit du mercredi précédant le troisième dimanche de Carême. La serração da velha représentait une sorte de rupture dans la rigueur du jeûne et de la pénitence du Carême. En ce sens, les jeunes faisaient des défilés dans les rues portant des masques et des costumes, recueillaient de l’argent et des bonbons, récitaient des poèmes, chantaient et dansaient. Tout cela au son de boîtes de métal traînées par terre et du triquelitraque – un instrument composé d’une planche et de plusieurs rangées de marteaux qui frappaient la planche produisant un bruit très particulier.
Au Brésil ce rite païen populaire prend des tournures un peu différentes. Il est aussi réalisé un mercredi de Carême, mais devient une tradition très côtoyée par les célibataires. Le clocher de l’église sonnait les douze carillons de minuit et cela était le signal pour que les célibataires puissent partir en procession. Au son de divers instruments insolites agencés de manière à faire du bruit, la procession suivait les rues de la ville avec une poupée en paille, la « Catherine », qui serait sciée et qui symbolisait les femmes célibataires déjà un peu âgées.
Dans un grand brouhaha, munis de cette poupée en paille et d’un bâton ou de quelque chose qui imite le son de sciage, faisant beaucoup de bruit au son de chansons et de danses populaires, la procession s’arrêtait devant la porte de la femme la plus âgé du village, et si elle était célibataire, c’était encore mieux ! On avait des chants appropriés pour l’occasion et ils exprimaient toujours une certaine malice. Devant la maison de cette vieille dame le groupe joyeux et bruyant « sciait la Catherine » criant « serrer la vieille », « serrer la vieille ».
Bien sûr, souvent, la procession se voyait chassée par les dames âgées qui jetaient sur la foule divers objets et surtout… leur pot de chambre, gardé depuis des jours en prévision ! Il faut dire que l’âge apporte aussi de l’expérience !
Cette tradition est présente dans les chanson et sambas de carnaval, et elle fait partie du drame dans Crépuscules, de José Lins do Rego, où Seu Lula, père d’une fille célibataire, ne supporte pas cet affront.
Ce rite, malgré parfois sa méchanceté à l’égard des vieilles filles, est toujours présent dans certains villages.