Les prix littéraires et distinctions d’honneur de Conceição Evaristo
Conceição Evaristo s’impose depuis quelques années comme la référence afro-brésilienne dans le milieu littéraire brésilien et international. En effet, avec de nombreuses récompenses littéraires, des traductions en diverses langues, et des thèses et doctorats sur son oeuvre dans des universités du monde entier, elle est désormais une incontournable de la littérature universelle, et de la diaspora africaine en particulier. Son oeuvre est souvent comparée à celle de Toni Morrison, avec un parallèle entre Beloved et L’histoire de Poncia.
Conceição Evaristo écrit depuis le milieu des années 1980, et son succès tardif et récent atteste d’un changement des mentalités au Brésil. Elle a reçu divers prix littéraires et distinctions d’honneur pour son œuvre mais aussi pour son engagement en faveur des droits des afro-brésiliens, et notamment des femmes afro-brésiliennes. La liste des distinctions qu’elle a reçues devient longue 🙂 ! En voici quelques unes (cliquer sur le + pour développer) :
Penser une femme noire avec un tel prix est inédit. Cela casse l’image qui place toujours la femme noire dans un lieu commun, dans un lieu d’assujettissement. Lorsque l’on nous offre une distinction, c’est dans le domaine de la musique ou de la danse. Ce n’est que maintenant qu’on se rend compte que les femmes noires écrivent, qu’elles sont professeures, philosophes… » (Conceição Evaristo, cérémonie de la remise du prix, en VO ici)
J’offre ce moment [de récompense] aux femmes noires analphabètes de ma famille. C’est elles, avec leur joie de vivre, qui ont semé en moi l’intérêt pour l’écriture. Dans cette époque redoutable actuelle, notamment pour les Afro-brésiliennes, j’affirme que faire la différence par la littérature a un sens. Pour moi c’est un honneur de recevoir un prix aussi important dans mon pays. J’aimerais le dédier à toutes les femmes, principalement celles qui, à un moment de leur vie, ont été opprimées et soumises au silence, comme moi. » (Conceição Evaristo, cérémonie de la remise du prix, en VO ici)
Ce prix Jabuti est nécessaire pour prouver que moi, femme noire, je ne suis pas entrée dans le milieu littéraire par intrusion. (Conceição Evaristo, en VO ici)
Maintenant nous [les Noirs] faisons partie de la Flip, c’est un fait. Nous ne renoncerons pas à ce que nous avons conquis. […] Nous continuerons de faire tomber les masques. Nous continuerons d’affirmer que les subalternes peuvent parler. Si l’on part du principe que l’espace de la littérature, de la création littéraire, du discours littéraire, est un espace de révélation, d’identification nationale, alors notre identification ne peut plus se faire en dehors de la littérature. (Conceição Evaristo, en VO ici)
La pauvreté est un lieu d’apprentissage mais seulement quand on le dépasse. Autrement, ce n’est qu’une situation de douleur (Conceição Evaristo, en VO ici)
Le jury a décerné une mention spéciale « encouragement à la traduction des grandes voix de la littérature afro-brésilienne » à Paula Anacaona, pour la traduction de Banzo, mémoires de la favela, de Conceição Evaristo (Anacaona, 2016).
Ses romans, vendus à des dizaines de milliers d’exemplaires au Brésil, sont désormais traduits en français (oui oui, chez nous !), en anglais (Etats-Unis) et en espagnol (Mexique), et ses nouvelles font partie d’anthologies publiées dans le monde entier (Allemagne, Etats-Unis, Afrique du Sud, Angola, etc.).