Les Livres de Sayuri est assorti d’un petit dossier pour en savoir plus sur les thèmes dont parle le livre. Ici, quelques informations pour en savoir plus sur le Brésil au moment de la Deuxième Guerre mondiale, et la communauté japonaise. Retrouve le dossier complet dans Les livres de Sayuri !
Quand Lucia Hiratsuka a écrit Les Livres de Sayuri, elle s’est beaucoup inspirée de l’histoire de sa mère, à qui il est arrivé un peu la même chose qu’à Sayuri pendant la Seconde Guerre mondiale.
Au début des années 1940, à l’époque où se passe l’histoire des Livres de Sayuri, le Brésil avait très
peu d’habitants par rapport à sa taille, et avait encore des millions d’hectares de terres vierges à
cultiver. En plus, le pays avait cruellement besoin de travailleurs pour ses fermes, et notamment ses
plantations de café. Et au Japon, il se passait exactement l’inverse : « le pays du Soleil-Levant » était surpeuplé, et les terres cultivables étaient rares. Alors, à partir de 1908, des dizaines de milliers
de Japonais se sont lancés dans l’aventure. Quitté leur pays pour tenter leur chance ailleurs : aux
États-Unis, au Pérou… et également dans ce pays gigantesque nommé Brasil, où il était possible
de cultiver sa propre terre et d’avoir sa propre ferme à force de travail, ou en tout cas, de vivre et
travailler durement, mais dignement…
Après un voyage en bateau de deux mois (tu imagines ?), les Japonais posaient donc le pied sur
cette terre tropicale. Quel choc ! Au début, ils ont eu beaucoup de mal à s’adapter au Brésil : tout était si différent du Japon ! Le climat, la langue, les habitudes alimentaires, le mode de vie, l’histoire et la culture… Beaucoup d’entre eux pensaient travailler quelques années, économiser l’argent gagné dans les plantations de café, et rentrer au Japon. En conséquence, ils furent nombreux à ne même pas prendre la peine d’apprendre la langue du Brésil, le portugais. Ils travaillaient et vivaient entre eux, ne parlant que japonais, célébrant leurs fêtes, leurs dieux… Comme ils vivaient pour la plupart à la campagne, ils se sont souvent regroupés en communautés isolées, où n’habitaient que des Japonais.
Garde également à l’esprit que le Brésil est gigantesque – et qu’autrefois il n’y avait pas d’autoroutes ou d’avions ! Les villages étaient très éloignés les uns des autres, et les occasions de rencontrer les autres communautés étaient rares – Brésiliens natifs, Afro-Brésiliens, ou autres immigrés venus comme les Japonais travailler dans ce pays à la terre si fertile : Allemands, Italiens, Espagnols, Libanais, Portugais…
Au début, les immigrés japonais travaillaient dans les champs de café, mais ils se sont rapidement
lancés dans la culture du thé, du coton, du riz, des légumes… ou dans l’élevage des vers à soie, comme les parents de Sayuri ! Peu à peu, ils réussirent à acheter des terres, ils eurent des enfants… et la majorité d’entre eux resta au Brésil, qui devint leur pays, leur nouveau chez-eux.
Mais cela n’a pas été facile ! Car en plus de conditions de travail très dures, les Japonais ont dû affronter un racisme très fort. Ils étaient considérés comme des « inférieurs » par les autres Brésiliens ! Et la situation a empiré avec la Seconde Guerre mondiale.
La Seconde Guerre mondiale
Tu dois le savoir : la Seconde Guerre mondiale a éclaté en Europe en 1939. Il y avait d’un côté l’Allemagne nazie, de l’autre les Alliés : la France, la Grande-Bretagne… Puis les Américains sont
entrés en guerre en 1941 contre les nazis, à la suite d’une attaque des Japonais (ralliés aux
Allemands). C’est ainsi que la guerre est devenue mondiale. Enfin, en 1942, le Brésil s’est rangé du
côté des Américains et des Alliés, et a, à son tour, déclaré la guerre à l’Allemagne et donc au Japon…
J’imagine que beaucoup de Japonais du Brésil devaient être tiraillés entre les deux camps :
leur pays d’origine, ou leur pays d’adoption.
Le gouvernement brésilien avait peur que les Japonais organisent des attentats. Et comme la
police brésilienne ne comprenait pas la langue japonaise, la moindre activité semblait suspecte.
Alors les écoles japonaises furent fermées, les journaux japonais interdits, les rares postes de
radio confisqués. Les Japonais n’avaient plus le droit de circuler librement ou même de se réunir
pour des fêtes ! Des milliers d’immigrés japonais furent ainsi emprisonnés, ou même expulsés du
Brésil, suspectés, souvent à tort, d’espionnage ou de préparation d’attentats.
Pendant toute cette période, les Japonais du Brésil ne purent recevoir aucune lettre de leur famille
restée au Japon. Tu peux deviner la souffrance que ce serait de rester plusieurs années sans aucune
nouvelle de tes parents, etc. Et à la fin de la guerre, quand le courrier fut de nouveau autorisé,
ils reçurent des nouvelles catastrophiques : le Japon avait été bombardé (tu as dû entendre
parler des bombes atomiques lancées sur les villes d’Hiroshima et de Nagasaki). Il était
dévasté, ruiné… Impossible pour la communauté japonaise de rentrer : elle allait devoir rester
définitivement au Brésil.
Aujourd’hui, le Brésil compte près d’un million et demi de personnes d’origine japonaise ! C’est
la plus grosse communauté de Japonais hors du Japon au monde. On appelle ces enfants, petits-enfants ou arrière-petits-enfants de Japonais immigrés les Nikkei. Lucia Hiratsuka, l’auteure des Livres de Sayuri, est donc une Nikkei.
Ainsi, l’histoire que tu as lue fait partie de l’Histoire : c’est du passé. Aujourd’hui, les Brésiliens, même à la campagne, ne vivent plus comme cela ; les descendants des Japonais non plus, et ils sont aujourd’hui très bien intégrés à l’ensemble de la société brésilienne. Mais tu peux considérer ce roman comme une sorte de témoignage sur la vie d’une fillette d’origine japonaise, au moment de la Seconde Guerre mondiale, dans la campagne brésilienne.
Deux générations : les parents immigrés japonais et leurs enfants nés au Brésil. Agriculteurs de l’Etat du Parana.
Enfin, signalons qu’en 2008 le Brésil a fêté les 100 ans de l’immigration japonaise.
Retrouver notre article de blog (un article du Monde) à ce sujet ici.
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