Nous souhaitons partager le travail du chercheur Melenn Kerhoas sur le sarau organisé par l’association APAfunk depuis 2008, réunissant des artistes de musique funk et des défenseurs des droits humains à Rio de Janeiro.
Qu’est-ce qu’un sarau ? Nous en parlions déjà dans Je suis toujours favela. C’est un “événement culturel où des personnes se réunissent pour s’exprimer ou se manifester artistiquement. La performance est libre.” (page 215 de Je suis toujours favela, article : “La périphérie, nouveau centre culturel”). Plus d’infos dans l’article de Matilde Maini “Centre et périphérie en dialogue”, reproduit ici.
C’est à la suite de l’implantation des UPP (Unités de Police Pacificatrices) dans les favelas que les bailes funk ont été interdits. L’Association des Professionnels et Amis du Funk (APAfunk), s’est créée en réaction en décembre 2008 afin de « défendre les droits des artistes, lutter contre les préjugés ainsi que pour la culture funk contre un processus de criminalisation ».
Les MCs d’APAFunk se reconnaissent comme des héritiers du « Funk de raiz », qui constitue un rap engagé et un courant alternatif au funk traditionnel diffusé sur les grandes ondes.
Dans son article « Luttes symbolique et praxis poétique dans le sarau APAFunk » publié en français ici, Melenn Kerhoas analyse le rôle social, politique et artistique de ce sarau, son impact dans les corps, dans la ville, dans les corps et dans le combat de cette communauté.
Nous entendons alors la praxis poétique du sarau APAfunk comme la revendication d’un droit à la corpoeticidade (terme d’André Telles do Rosario, 2007) c’est à dire le droit à occuper corporellement un espace urbain tout en le transfigurant symboliquement, le droit à habiter et à rendre habitable la ville (…).
Outre le sarau APAFunk, Melenn Kerhoas a pu participer à différents saraus, notamment le sarau V qui se tient à Nova Iguaçu et le sarau Poesia na Esquina réalisé dans la Cité de Dieu. Une expérience engagée et passionnante que l’on espère découvrir bientôt, et qui rejoint un même souhait de changer de regard sur « les marges » pour la considérer comme des « centres » culturels brésiliens. Une réflexion à retrouver dans Je suis Favela et Je suis Toujours Favela.
Replongez-vous également dans l’article de Carlos Palombani sur le funk, publié dans Je suis favela : “Un funk trop bruyant”, dans la partie “Favela exécrée, favela exaltée”.