Depuis 2010, le projet Universidade das Quebradas (« quebrada » étant un autre terme pour désigner les favelas) établit un dialogue entre les cultures des périphéries de Rio de Janeiro et le milieu académique brésilien.
Développée au sein du Programme Avancé de Culture Contemporaine de l’Université Fédérale de Rio de Janeiro (UFRJ), cette université ouvre ses portes aux artistes et producteurs culturels issus des « comunidades » en promouvant les rencontres et les débats avec le public universitaire et les chercheurs. Par ailleurs, la majeure partie du contenu de ces échanges est partagée sur internet via la plate-forme de l’université.
Pour la femme de lettres Heloisa Buarque de Hollanda, coordinatrice du projet, l’Universidade das Quebradas concrétise un écosystème intellectuel, « un espace d’interaction entre les différents savoirs qui composent la texture de la culture contemporaine, rendant possible la production de savoir et la création artistique dans la ville. »
Il s’agit de lier la production culturelle au développement socioéconomique, qui n’est pas l’apanage seul des ONGs. Dans son discours inaugural de la 4e édition du projet (en version intégrale en portugais ici), Buarque de Hollanda insiste sur la dimension sociale et politique de cet organe culturel :
Nous avons essayé de créer une communauté épistémique plus ample qui transforme l’espace public de l’université en un espace d’interconnaissance où les citoyens et les groupes sociaux puissent intervenir en subvertissant la position passive de l’étudiant. Pour cela, il était nécessaire de penser de forme solidaire la relation université-société en renforçant l’un des droits les plus importants de ce début de siècle qui est le droit d’être acteur. Ou, comme dirait Hannah Arendt, « le droit d’avoir des droits », qui me paraît être l’objet de revendication actuel dans les rues.
Les éditions Anacaona s’associent à cette réflexion en mettant en lumière les plumes issues des favelas de Rio et São Paulo, accompagnées de témoignages et d’opinions sur les évolutions récentes de la société brésilienne. Pour que la voix des périphéries porte jusqu’à l’autre côté de l’Atlantique !
Retrouvez ici les ouvrages Je suis favela et Je suis toujours favela.