Demain, je vais en prison. Centre pénitentiaire francilien.
Qui me l’aurait prédit il y a 5 ans ?
5 ans que je publie, entre autres, une littérature du KO pour décrire le chaos : la littérature des favelas brésiliennes, la « littérature périphérique ». Avec des auteurs qui décrivent leur quotidien – violence, impunité, injustice, corruption, inégalités – avec rage, désespoir, poésie, révolte et envie de faire bouger les choses. Pour certains de ces auteurs, la littérature a été une planche de salut – les sauvant de la délinquance, de la drogue, ou d’une mort annoncée.
Demain, je vais en prison. Demain, je vais faire la lecture aux prisonniers. LIRE À DES PRISONNIERS FRANÇAIS DE LA LITTÉRATURE BRÉSILIENNE. Lire des livres Anacaona. C’est trop ÉNOOOOORME !!!
Pourquoi j’y vais ? Je ne sais pas trop…
Peut-être parce que, comme dirait Fabe « On n’a pas tous la chance de grandir à l’abri du danger / Dans une famille qui n’a aucun souci pour manger ».
Peut-être parce que ce serait trop facile de publier des livres sur les exclus sans jamais mouiller sa chemise.
Peut-être pour montrer à ces prisonniers que certains ont trouvé des façons de s’en sortir, ou au moins de l’exprimer. Edward Bunker, Iceberg Slim, Chester Hymes ; William da Silva Lima, Luiz Alberto Mendes, Hiroito ; Jean Genêt, Henri Charrière… Ex-délinquants devenus des bêtes d’écrivains en prison…
Le savoir est une arme… Alors demain, je vais armer des prisonniers. Lire : Je suis favela, Je suis Rio, Kéro un reportage maudit, Favela chaos… Et puis peut-être Banzo, aussi.
Demain, la littérature brésilienne va me conduire en prison… Pour cela, et pour les émotions qu’elle me procure depuis toutes ces années, – à moi, et aux lecteurs de plus en plus nombreux car je ne crois pas être la seule ! – elle a ma gratitude éternelle.
Paula Anacaona