Entretien avec la Juge Kenarik Boujikian Felippe, fondatrice et ex-Présidente de l’Association des juges pour la démocratie, militante d’une ONG de défense des femmes emprisonnées. C’est une référence en matière de lutte pour les droits de l’homme au Brésil.
Parlons de sécurité publique, puisque vous êtes juge en fonction au Tribunal de Justice…. Que pensez-vous de cette appellation de « Onze septembre » brésilien relative à la chute de l’hélicoptère de la police ? (voir article Du Ciel à l’Enfer).
Après l’ennemi externe, voici l’ennemi interne, qui inclut tout un mécanisme de répression. Qui est l’ennemi d’aujourd’hui ? C’est le pauvre, c’est celui qui revendique, celui qui manifeste, celui qui lutte, celui qui habite dans la périphérie… Donc ceux qui parlent de « Onze septembre » emploient la même rhétorique que les militaires qui mirent en place en 1964 la doctrine de la sécurité nationale, qui se répète aujourd’hui – mais en choisissant d’autres ennemis. Et de temps en temps, pour qu’on se tienne bien sages, ils choisissent quelques personnes qui échappent à ce profil. Ils vont capturer quelqu’un de riche, célèbre, en-dehors du stéréotype, pour rendre l’emprisonnement de tous les autres normal.
Et sur le trafic de drogues ?
La récente loi sur les drogues qui a été votée constitue déjà une avancée. Par exemple, l’utilisateur ne reçoit plus le même traitement que le trafiquant, en termes de privation de liberté. Mais malgré tout, son traitement reste un traitement pénal, et le Brésil n’arrive toujours pas à avancer à ce niveau là. Quant au trafic, il n’existe toujours pas de politique sérieuse de combat vis-à-vis du trafic de drogues. Quand je parle de trafic, je ne parle pas du petit trafiquant qui arrive devant moi au Tribunal de justice, qui fait cela pour survivre. Le vrai trafiquant, le vrai argent du trafic, n’arrive jamais devant moi. Il n’est pas dans la favela. J’aimerais savoir où il est, j’aimerais que la police travaille pour découvrir où vont les centaines de millions qui tournent autour du trafic. C’est sûr, ce n’est pas le gamin qui a 20 grammes, 50 grammes sur lui qui est au cœur de cela.
Quel est le profil de celui qui arrive devant le Tribunal ?
En majorité, lorsque ce sont des affaires de trafic, ce sont des personnes qui habitent dans la périphérie de São Paulo, qui sont jeunes (au maximum 22, 23 ans), qui n’ont pas fait beaucoup d’études. Voilà le profil des trafiquants de mon district, à quelques exceptions près.
Pourquoi n’arrivent au Tribunal que les pauvres ?
Parce qu’il n’y a que les pauvres qui arrivent devant le pouvoir judiciaire ! Pourquoi la police ne fait-elle jamais de descentes dans le quartier où j’habite, à Jardins [quartier le plus chic de São Paulo] ? Est-ce que cela signifie que personne dans mon quartier n’a d’armes ? De drogues ? Je ne crois pas.
Les personnes qui organisent, qui financent la logistique des opérations, eux ne se font pas arrêter ?
Non, eux n’arrivent pas jusqu’à moi, mais j’aimerais qu’ils y arrivent. Je ne sais pas où ils sont, mais ils sont quelque part. Je pense qu’il doit y avoir un élément de l’État impliqué dans tout cela.
Quels éléments de l’État ?
Des agents de l’État. Je ne sais pas qui… mais je n’arrive pas à croire que l’État ne puisse pas savoir où vont ces millions générés par le trafic de stupéfiants.
Et que se passe-t-il avec ce jeune pauvre, arrêté avec une petite quantité de drogues, lorsqu’il est envoyé en système carcéral ?
Il va en prison, et évidemment il devient vulnérable. Que va-t-il trouver en prison ? Que va-t-il trouver dans le système pénitentiaire qui le rende capable d’affronter sa situation présente et future ? C’est ce qui me préoccupe avec la jeunesse. Quelles sont les possibilités que lui donne le pays ? Cela ne va pas tomber du ciel, il faut que l’État construise une politique.
Il y a un grand nombre de jeunes qui n’arrivent même pas au Tribunal car ils sont assassinés avant…
Oui, c’est vrai. L’État brésilien continue à tuer beaucoup, beaucoup trop. Il y a eu extermination par le passé, il y a extermination au présent – seule la victime a changé. L’ennemi de l’État brésilien est très clair, et le pouvoir punitif souterrain d’autrefois existe toujours. Il décide sans obéir aux lois, sans respecter la Constitution.
Et aujourd’hui, qui est la victime ?
Les pauvres, les jeunes, les noirs.
Caros Amigos, novembre 2009.
lualla
Bonjour.
Ce texte est selon moi,une pitoyable incantation a la continuité du crime,a la culture de l’excuse,en clair du bobo bresilien qui se permet de nous apprendre la vie depuis son beau quartier(je connais Jardims),bref,il serait plus realiste et plus correct de prendre appui sur un vrai temoignage,d’une vraie personne de la vraie vie
Alors pourquoi pas un temoignage d’un quidam qui a vu sa famille massacrée pour qq reals,ce par un de ces gentils-jeunes-trafiquants-victimes decrits par Madame la juge?
Ou encore,les pleurs d’une maman des favelas,ayant perdu ses 3 enfants,tous victimes d’overdose de crack?
Tous mes amis bresiliens me disent tres bien que ce qui tue le plus au Bresil(et a SP en particulier)n’est surement pas la police,mais bien LE CRIME ET LA DROGUE.
Pourtant,ils sont tous tres attachés aux droits des hommes,et une de mes amies s’occupe meme de reinsertion de prisonniers.
Ce texte est un amas de conneries et de mensonges,et bien que je vous souhaite l’inverse,j’ai peur que cet ouvrage ne s’ecoule que tres modestement:
En effet,cette victimisation a tout va des criminels ne fait plus vraiment recette(surtout en Europe ou nous commencons a voir des problemes semblables),et a l’inverse,pretendre etre subjectif avec un tel concentré de niaiseries et de pret-a-penser me semble impossible…
Je vous souhaite cependant une bonne continuation.
Cordialement
Paula Anacaona
Chère Lualla,
Je pense que tu as mal compris ou lu l’article. Une incantation au crime ? La culture de l’excuse ?
Ce que cette juge veut dire, c’est que le trafiquant qui a deux kilos sur lui et sa Kalach en bandoulière n’est que le sommet de l’iceberg. On aura beau l’arrêter, trois autres surgiront pour prendre sa place. Tant que la source continuera active, le problème ne s’arrêtera jamais, voilà la réalité.
1. A qui profite le crime ? Qui importe de Colombie les tonnes de drogues, qui finissent dans le short du trafiquant ?
2. Qui consomme cette cocaïne et cette marijuana ? C’est peut-être la classe moyenne, très attachée aux droits de l’homme, … mais grosse consommatrice…
3. Pourquoi ce jeune de 15 ans est-il dans la rue à vendre de la coke ? Pourquoi n’est-il pas à l’école à cette heure là, ou au sport, ou à la musique ? Et comment a-t-il fait pour se procurer une Kalachnikov, pour trois fois rien ?
Lis le Manuel Pratique de la Haine : tu verras toute l’inhumanité, la lâcheté, la violence de ces bandits qui te piquent tes Nike, ton portefeuille, ta voiture, mais tu verras aussi qu’ils restent des hommes. Leur problème, c’est qu’ils n’ont aucune carte en main pour vivre leur vie comme ils devraient/aimeraient. Ils ne savent pas lire, pas écrire, n’ont pas de parents, et sont plus ou moins accrocs à pas mal de drogues. Même avec toute la bonne volonté du monde, dur de s’en sortir…
En lisant Je suis Favela, tu verras aussi qu’il y en a beaucoup qui résistent et qui essaient.
Ensuite, tu dis que le crime et la drogue tuent bien plus que la police au Brésil…. Euh…. Heureusement non ? Et tu ne trouves pas bizarre que la police tue autant ? Le rôle de la police, n’est-il pas de protéger – tout le monde, classe populaire incluse ?
Quant à tes pronostics sur le succès présent et futur du livre….
Um abraço,
Paula Anacaona
lualla
bonjour Paula
Merci de m’avoir repondu.
Tu sais,les avis divergent,chacun ses points de vue,le but n’est pas de changer les opinions de l’autre.
Pour ma part,je ne fais pas partie d’une classe “moyenne”,pas plus que je ne consomme de drogues et je ne suis pas victime de cette violence dont tu sembles parler.
Pourquoi cela m’empecherait-il d’avoir un point de vue sur les quelques lignes publiées ici?
Je ne mets pas comme toi des humains(ts les humains font des fautes) et des sous-etres,cumulant tous les vices(paresse,luxure,haine de l’autre et j’en passe) dans le meme sac(les 1ers dans l’humanité,les autres en dehors).N’est-ce pas une position respectable,bien que carricaturale?
Moi je respecte ton avis,il est different,c’est tout.
Sinon,(tu l’as malheureusement compris autrement),bien que n’etant pas optimiste(j’ai expliqué pourquoi),je te souhaite evidemment du succes,comme j’en souhaite a toute personne entreprenant une chose qu’elle croit etre positive.
Um abraço para você tambem