Les violences policières au Brésil

Les chiffres macabres de la létalité policière au Brésil

Avec la publication de la bande-dessinée brésilienne Favela Chaos, l’innocence se perd tôt, c’est l’occasion de faire le point sur les violences policières au Brésil.

Citons l’excellent article publié ce printemps 2015 sur les violences policières au Brésil par la revue SEJED.

Résumé : Cet article présente les principaux résultats de la recherche intitulée «Actes de Résistance”: une analyse des homicides commis par la police dans la ville de Rio de Janeiro», réalisée entre les années 2009 et 2011. Le principal objectif de la recherche a été de suivre un échantillon du traitement juridique des cas d’assassinat commis par la police qui ont reçu l’enregistrement initial comme « homicide résultant d’Actes de Résistance », à savoir avec la légitime défense présumée. Nous avons cherché à analyser la filière pénale pour ces cas et comprendre comment sont produites les classifications et les récits officiels sur les décès dans cette voie. Nous avons analysé la façon dont ils ont été enquêtés par la police et les poursuites des cas par le Parquet. L’objectif a été d’identifier les facteurs qui influencent le cours des enquêtes et les pratiques impliquées dans la construction des faits de manière à légitimer ou à remettre en question la légalité de l’action de la police.

Troupe d elite BOPE Favela bresil

Dans l’article, quelques données sur les homicides policiers, les pratiques d’enregistrement des dépositions, les poursuites…

 

Parmi les conclusions des auteurs, citons :
« Si la victime n’a pas d’antécédents – un casier judiciaire vierge – et que les témoins nient avec véhémence son implication dans des pratiques illégales, le simple fait qu’elle réside dans une favela où existe un trafic de drogues peut servir à contester ces arguments et à rendre la victime suspecte. Cette seule condition crée pour le policier un précédent qui permet de supposer la dangerosité de l’individus, et par-là même de déduire la légitimité de sa mort. Les considérations morales sur la territorialité des décès, le sens commun de ce qu’est une favela, un point de vente de drogues et une opération policière, tout cela est transformé en arguments favorables au classement de l’affaire, auxquels se rajoute un assujettissement criminel post mortem, justifié officiellement dans les pages de l’enquête.
(…) Notre recherche a mis au jour le fait que les investigations des homicides de la rubrique « actes de résistance » ne sont pas effectuées correctement, et sont majoritairement classées, car marquées par la prépondérance de la version policière originale, qui se fonde uniquement sur la confiance publique dont les agents de police sont les dépositaires, ainsi que sur des formules dépréciatives sur la conduite des victimes. Il y a enquête sur les personnes décédées et non pas sur les décès. Cette croyance dans l’existence d’individus dont la mort ne doit pas être élucidée car elle ne représente pas en soi un crime nous renvoie aux réflexions d’Agamben (2003) (…)
Pour en savoir plus, le dossier final « Sursis » de Favela Chaos ; ou encore les articles des dernières parties de Je suis favela et Je suis toujours favela.
La SEJED – Sociétés et jeunesses en difficulté – s’intéresse aux enfants et aux jeunes dits « en difficulté », à l’adresse desquels les sociétés mettent en place des dispositifs de protection et d’éducation – voire de soins – spécifiques. La revue présente des articles relatifs à ces populations, à leur catégorisation, aux problèmes sociaux et/ou psychologiques auxquels elles sont réputées être confrontées. Elle traite également des pratiques professionnelles, des dispositifs institutionnels et des politiques publiques s’adressant à ces populations, à leur famille, à leur environnement.

 

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