J’étais invitée ce samedi 2 mai 2015 sur France Inter – ma radio préférée !
L’émission est disponible à l’écoute ici. L’émission est longue… Pour ceux qui n’auraient pas le temps de l’écouter en entier, je parle à partir de 1:14:50, pendant environ 10 minutes ! Au programme : saraus, littérature marginale au Brésil, Lula, Je suis favela…
Le Brésil n’a jamais autant écrit et autant lu
Brièvement, quelques points évoqués dans l’émission, pour les plus pressés…
– Au Brésil, l’écriture, auparavant réservée à une élite, est maintenant récupérée par une classe qui n’était pas prédestinée à l’écriture – et c’est plutôt une bonne chose, que de forcer ainsi le destin ! C’est ce que l’on appelle la “Littérature marginale”, ou “Littérature périphérique”.
Parenthèse : Les éditions Anacaona sont nées au départ d’un coup de coeur envers cette littérature, et d’une volonté de publier ce courant littéraire en France, et sont à ce jour la seule maison d’édition française – voire, étrangère tout court – à publier ces thèmes et ces auteurs !
– La littérature marginale est officiellement née en 2001 avec Ferréz, qui en écrit le Manifeste. C’est une période qui correspond à l’arrivée au pouvoir de Lula, à une forte croissance économique et à un certain ras-le-bol. En effet, après les décennies 80 et 90 et l’explosion de la violence… Il fallait agir !
La culture naît et vit aussi dans la périphérie : le sarau en est la preuve
– La naissance des deux livres Je suis favela et Je suis toujours favela par Anacaona : ces deux recueils de nouvelles sont des regards croisés sur la favela, et adoptent différentes perspectives. Plusieurs nouvelles ont été écrites par des jeunes en ateliers d’écriture, dans la favela, lors du sarau FLUPP.
Au Brésil, les favelas sont imbriquées dans le paysage urbain, et il est impossible de les ignorer. Par exemple, 20% de la population de Rio habite dans la favela ! Ce que Lula a apporté, c’est l’urbanisation, l’assainissement, l’intégration des habitants de la favela dans la citoyenneté brésilienne. J’évoque la différence entre les favelas de Rio et celles de São Paulo : il y a moins de mixité sociale dans les favelas de São Paulo, l’espace est plus compartimenté entre quartiers riches et quartiers pauvres.
– Je parle du phénomène des saraus, bien décrit dans Je suis toujours favela. Qu’est-ce qu’un sarau? Un rassemblement autour de la culture. On récite son propre texte ou celui d’un autre, des poèmes ou nouvelles.
Ces saraus ont une grande valeur pédagogique, en termes d’alphabétisation, d’estime de soi, de capacitation. Surtout, cela désacralise la littérature. Et enfin, cela se passe dans la périphérie : plus besoin d’aller dans le centre pour avoir accès à la culture : la culture naît et vit aussi dans la périphérie.
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