Le Brésilien Plinio Marcos, pionnier de la littérature marginale
C’est signé ! Les éditions Anacaona publieront à la rentrée, pour la première fois en France, un roman de Plinio Marcos – cet auteur brésilien des années 1980, pionnier de la littérature marginale : Kerosène – Un reportage maudit (publié au Brésil en 1976). L’histoire d’un gamin des rues dans le Brésil des années 1980. Très noir, très brut, très sombre, très désespéré et désespérant…
Plinio Marcos, journaliste, dramaturge, auteur de romans, est considéré comme l’un des pères de la littérature marginale. Il est surnommé l’auteur « maudit », mais à vrai dire, il fut l’un des premiers à parler de thèmes qui gênaient la société – le sous-monde du crime, la prostitution, l’homosexualité, la violence des grandes villes. Mais au milieu de la violence, on découvre la tendresse. Au milieu de ces petits voyous, on découvre une volonté tenace de changer de vie. Mais surtout, très souvent, il n’y a que des perdants…
Souvent censuré par la dictature militaire, il n’a néanmoins jamais baissé les bras ou trahi son art.
Le roman Kerosène a ensuite été adopté pour le théâtre, et deux fois au cinéma. Dans le genre, c’est devenu un classique au Brésil.
Il m’avait été chaudement recommandé par notre ami l’écrivain Marcelino Freire, qui en avait fait l’écrivain d’honneur de sa Balada Literaria l’année dernière, et par l’écrivain Rodrigo Ciriaco, qui accompagne les Je suis favela depuis le début. Pour tous les Brésiliens, Plinio Marcos est une référence.
La traduction est réalisée par Melenn Kerhoas.
En avant-première, voici la première page, chapitre 1 !
Soit t’es né sous une bonne étoile, soit les astres t’ont chié dessus. Y a pas vraiment le choix. C’est comme ça. Il y a ceux qui ont tout dès le départ et ceux qui s’en prennent plein la tronche. Rien à faire. C’est une foutue putain de loterie qui fout la gerbe.
Surtout si on a décroché le gros lot. Moi, un charognard s’est perché sur ma ligne de chance. Dès le début, ça a foiré. Mon connard de père a rempli de foutre ma connasse de mère et il s’est tiré en abandonnant cette pauvre cloche à son « putain, je suis en cloque ». J’ai jamais su à quoi il ressemblait. Ma mère non plus, et si ça ce trouve, ce salopard lui a même pas lâché une thune en partant.
Putain de mauvaise pioche. Aujourd’hui encore, j’ai toujours pas pigé, jamais je pigerai, pourquoi ma garce de mère a pas fait un nœud à ses trompes. Ou pourquoi elle a pas essayé de me chier dans la cuvette à coups de laxatifs qui te font sortir même les tripes. Je serais devenu un ange. Ça aurait été mieux. Mais non, ça a été plus fort qu’elle. Cette fêlée m’a lâché dans le monde, dans cette saloperie de monde. Elle m’a lâché, elle a déconné, puis elle a fait le grand saut.
(…) A suivre à la rentrée….