Avec la Coupe du monde, les favelas touchées par la spéculation

Avec la Coupe du monde et l’explosion du tourisme, est venue inéluctablement l’explosion des prix. Certaines favelas ne sont pas épargnées – notamment les favelas pacifiées de la Zone Sud, à Rio de Janeiro.

À l’occasion de la Coupe du monde, on a pu lire divers articles sur cette gentrification – ou récupération par les classes moyennes – des favelas. Et surtout, sur l’arrivée des touristes dans la favela.

Qu’en penser?

Une résidente de la favela Vidigal

Une résidente de la favela Vidigal

Ainsi, cet article belge, de Patrice Sintzen, intitulé : La favela n’est pas un safari park. On y lit :  Les favelas sont désormais devenues des endroits touristiques. Même les Hollandais sont allés s’y promener. Les photos que j’ai vues me rappellent celles des safari parks. Avec toutes les dérives possibles.

Et de conclure : La favela est un lieu de vie, pas un parc animalier. Et dans ceux-ci, il arrive parfois qu’un éléphant en colère piétine un photographe imprudent. 

Un autre article d’Eby Brouzakis de RTBF commence ainsi :  » Les joueurs hollandais ont pris quelques photos. Outre le décalage entre leur richesse ostentatoire et la pauvreté y régnant, un tel trip, dégage une impression bizarre. Ils y sont allés pourquoi? Voir comment c’est un pauvre? Voir comment tient une maison construite sur une autre maison? Sans permis, avec les risques que ça comporte? »

Dans d’autres articles, on évoque la favela de Vidigal, à Rio, où les B&B ont poussé comme des champignons. Favela symbole de l’explosion du prix de l’immobilier : en 5 ans, il a été multiplié par 12 ! (une maison qui coûtait en 2009 11 000 € en coûte aujourd’hui 135 000 !). Mais cet embourgeoisement du quartier n’a pas amené les services de base que les habitants de la favela attendent depuis longtemps… Voir le reportage photo de Radio Canada ici.

Alors, pour ou contre l’arrivée des touristes dans la favela? D’un côté, on ne peut que se réjouir du décloisonnement de cet espace  et de l’abolition de certaines frontières symboliques. De l’autre, on peut ressentir une certaine gêne en voyant ces touristes avides de sensations qui veulent « expérimenter » la vie dans la favela, ou qui prennent des favelados en photo comme ils prendraient des girafes…

Personnellement, ce mythe du : « Ils sont pauvres, mais ils sont heureux » ou du « Ils vivent avec 5 € par jour, mais ils ont la plus belle vue de Rio de Janeiro » m’énerve pas mal. Enfin, ne nous leurrons pas : il y a 50 favelas pacifiées à Rio de Janeiro (sur 600). Ce phénomène ne concerne donc qu’une minorités de favelas – celles susceptibles de faire l’objet de spéculation immobilière, bien sûr. Les favelas de la zone ouest par exemple – celles de la Baixada Fluminense – sont complètement ignorées par les touristes. Et la criminalité y est en hausse…

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