Sans pudeur !
Traitement différentiel
Dans une longue interview publiée ici, le nouveau commandant de la ROTA (troupe d’élite de la Police militaire à São Paulo) affirme sans gêne que la police traite différemment les citoyens selon leur situation économique : « Si le policier aborde un individu [en banlieue] de la même façon qu’il aborde un individu à Jardins [quartier chic de São Paulo], il va avoir des problèmes. Il ne sera pas respecté. De la même façon, si un policier parle à Jardins comme il parle en banlieue, il pourra apparaître vulgaire. Le policier doit s’adapter au milieu dans lequel il est sur le moment » dit le lieutenant-colonel Ricardo de Mello Araújo, qui vient de prendre la tête des 700 hommes de la troupe d’élite de la Police militaire de São Paulo.
A la recherche d’adrénaline
Le lieutenant-colonel continue :
Pour ceux qui rêvent d’être policiers, la ROTA c’est le top du top. C’est là où nous avons une liberté, c’est la troupe la plus spécialisée. Nous agissons lors des situations les plus graves. L’adrénaline est plus forte ici, à la ROTA. Et c’est ce que l’être humain recherche ».
Il enfonce le clou :
Le type qui saute en parachute, qui fait de la plongée, qui surfe, que recherche-t-il ? L’adrénaline. Sauf qu’il paye, hein? Alors que nous, on est payés pour avoir cette émotion. »
Gloups.
Une étude rapide des derniers accomplissements de la ROTA montre bien ce que signifie « adrénaline » : en juin, la police interne a dénoncé des policiers de la ROTA ont été accusés d’avoir torturé et tué un jeune favelado de 19 ans. En mai, le procureur de São Paulo a accusé 14 policiers d’assassinat de deux jeunes à Pirituba, périphérie de São Paulo. Et la liste est encore longue.
Une douche froide…
Et les droits humains ?
On a bien l’impression que pour ces policiers, les droits humains n’existent pas. « La population doit nous faire confiance ; nous avons choisi d’être policiers pour sauver et protéger des vies, non le contraire », conclut le commandant. Faut-il le croire ?
Le colonel Ibis Pereira, ex-commandant général de la Police militaire de Rio, fait entendre une voix minoritaire :
Si nous vivons cette situation horrible, c’est parce que nous n’avons pas fait des droits humains notre priorité dans l’Etat. Notre problème est justement que ce qui pourrait nous sauver est ce que l’on refuse. Nous refusons le remède – qui est précisément plus de droits humains, pour tous. Mais la vie humaine n’est pas une priorité au Brésil… »
Rappelons que le respect des droits humains est une condition pour qu’existe la liberté, la paix, la démocratie et la justice, pour tous.
Edito de la journaliste Marina Amaral, de l’agence Publica