La vie : des jeux, des rêves, des joies, des contrariétés…
Par Stéphanie Hardoin
La vie dans sa quotidienneté. La vie et ce qu’elle a à prendre ou à donner… C’est ce que présente A sept et à quarante ans, un petit roman intimiste écrit par Joao Anzanello Carrascoza, « l’étoile confirmée de la littérature brésilienne ».
On assiste à l’introspection d’un adulte faisant le point sur son existence, tout en puisant dans ses souvenirs d’enfance. L’auteur met en scène plusieurs épisodes de la vie de ce provincial, originaire d’un petit bourg rural de la région de São Paulo, à sept et à quarante ans. D’où le titre ! Ces scénettes du quotidien évoluent dans un univers essentiellement structuré par la famille.
João Anzanello Carrascoza nous offre un aperçu d’une éducation brésilienne simple, dans le respect des valeurs traditionnelles dans la cellule familiale.
Le cocon familial et les événements de la vie sont décrits avec beaucoup de pudeur ; de la paternité aux relations parents-enfant, en passant par la maladie, la mort et la séparation amoureuse. Néanmoins, l’ensemble du récit a une connotation très charnelle et sensuelle grâce à l’importance des éléments naturels : l’alternance de la lumière et de la pénombre, la chaleur, les pluies rafraîchissantes, la terre colorée, les plantations, les arbres et les plantes, les chants d’oiseaux… Peu de bouleversements affectent cette vie provinciale, dans un cadre immuable. Comme souvent, on retrouve la promotion par l’école et les études mais aussi la présence du sport, à travers la passion du football et du saut en hauteur. Seule l’évocation d’une visite touristique aux chutes d’Iguaçu, présage d’un triste dénouement, rompt cette monotonie.
La transition vers la vie d’adulte se fait par touches successives et par divers allers-retours entre les deux âges. À l’entrain de la jeunesse se substitue le calme de la vie d’adulte. L’auteur témoigne d’ailleurs sa volonté de distinguer ces deux phases par ses choix narratifs et esthétiques : au stade d’enfant, le récit est effectué à la 1ère personne du singulier et le texte n’est imprimé que sur la partie haute des pages du roman ; au stade d’adulte, c’est à la 3ème personne et sur la partie basse. Comme si la maturité apportait distance et déperdition…
La fin du roman réalise une ouverture sur l’évolution du héros. De retour avec son fils dans son village de naissance, il espère y retrouver l’exaltation de son enfance – dont il a la saudade – avant qu’elle ne s’envole à jamais.
Ce récit fait la part belle à l’harmonie de la vie humaine dans son milieu naturel. Il est également un plaidoyer pour l’équilibre des relations familiales et sociales dans un cadre traditionnel ; un cadre épargné par les excès des modes et du modernisme.
A sept et à quarante ans m’a procuré un grand sentiment d’apaisement. L’omniprésence du foyer familial a quelque chose de bienveillant, de très sécurisant.
Même les moments douloureux de l’existence du héros n’entravent pas ce sentiment de paix car le respect demeure en toute occasion, sincère et constant.
Enfin, le livre en tant qu’objet – car c’est important ! – est très plaisant. Original et moderne, il est imprimé dans une forme que je n’avais encore jamais vue.
João Carrascoza est un grand auteur de nouvelles au Brésil, et ce petit roman est son premier. On retrouve bien le style caractéristique des nouvelles – chaque chapitre pourrait en effet constituer une nouvelle à lui tout seul.
Cet auteur a le don pour susciter l’émotion, comme celle que m’avait procurée la nouvelle « La-haut », dans Je suis favela.
Stéphanie Hardoin est bloggeuse et étudiante en licence Information-Communication.