Avec la Coupe du monde, nous avons eu pléthore de hors-série sur le Brésil… qui ont la plupart du temps cherché à aller au-delà des clichés habituels sur le Brésil – et heureusement !
L’hebdo Le Un aborde pour la première fois cette semaine le Brésil (numéro daté du 16/07) : « Le Brésil à la conquête de son Far West ».
Des articles intéressants, notamment celui de Jean-Pierre Langellier, intitulé « Un nouveau géant ». « Depuis vingt ans, le Brésil était un pays émergent ; depuis dix ans, il a émergé ». Ou encore M. Langellier reprend les mots de Lula : « Nous sommes fatigués de jouer en deuxième division ». Un article qui remet bien les choses à leur place : il faut arrêter de penser que le Brésil est un pays en développement, sans classe moyenne, etc. C’est aujourd’hui la septième puissance mondiale. L’article apporte en outre une perspective historique intéressante.
Le Poster du 1 s’intitule : « Un pays sans limites », avec un article sur les Amérindiens d’Amazonie face aux pionniers, un article sur les travailleurs esclaves, un sur l’aménagement du territoire.
Cependant, l’originalité du Un est d’apporter un éclairage littéraire au thème traité, avec un Extrait d’une oeuvre, et un Poème commenté. L’Extrait est de Jorge Amado, avec Cacao (1933) et le Poème est de Raul Bopp (1931), poète du mouvement moderniste des années 1920. C’est là que le bât blesse : vouloir parler d’un Brésil moderne… en citant, encore et toujours, les mêmes références littéraires vieilles de 80 ans ! Jorge Amado est un immense écrivain, que j’ai lu et relu et que je conseille à tous. Mais est-il vraiment le mieux placé pour parler du Brésil actuel ? Le Français se reconnaîtrait-il si un journal américain citait Proust dans un hors-série sur la France de 2014 ?…
Certes, Jorge Amado ou la poésie moderniste des années 20 sont essentiels dans le paysage littéraire brésilien. Mais pour un numéro « synthétique » sur le Brésil, nous aurions pu nous attendre à des références littéraires plus modernes. Dans le domaine littéraire, aujourd’hui, en 2014, il y a tant à dire ! le Brésil vit un véritable « boom » littéraire, lié à la qualité de sa production, à la forme de sa production (citons notamment les saraus) mais aussi au nombre croissant de ses lecteurs, ce qui est une véritable révolution.
Vous me direz que je suis juge et partie… C’est vrai. Mais j’aurais adoré voir Milton Hatoum, Luiz Ruffato, Michel Laub, Andréa del Fuego, … ou pourquoi pas un auteur Anacaona 😉
En conclusion : lisez ce numéro du Un sur le Brésil… mais également l’article du magazine Lire (Numéro du mois de juin ici) sur la littérature périphérique, un des nombreux courants de la littérature brésilienne en pleine ébullition.