Voici quelques livres que j’ai lus, et que je vous conseille d’emporter dans votre valise… J’espère que cette liste vous sera utile – je suis moi-même assez friande de ce genre de recommandations, ça donne souvent des idées ! Et bien sûr quelques conseils de livres publiés chez Anacaona…
L’été dernier, j’avais décidé de ne lire que des livres écrits par des femmes ! Cette année je laisse une petite place aux hommes… Quand ils le valent bien !
On commence par Aimé Césaire et ses écrits politiques, peu connus. Bien dommage, parce qu’il n’a pas la langue dans sa poche ! J’aime bien ce genre de lecture : le livre traîne, les articles se lisent dans le désordre, quand on veut… Ceux que j’ai lus jusqu’à présent montrent une étonnante modernité.
J’ai lu ce printemps Le Ventre des femmes, de Françoise Vergès, sur le scandale des femmes stérilisées à leur insu à la Réunion. Puis le livre analyse la politique française dans les DOM-TOM… Je recommande, une lecture indispensable !
Je continue sur les essais : Une écologie décoloniale, de Malcom Ferdinand. FANTASTIQUE ! J’ai adoré la pensée de ce jeune anthropologue, qui mêle combat écologiste et combat antiraciste (enfin !!!). Foncez l’acheter. (il m’avait été conseillé par Matthieu, un lecteur de longue date des éditions Anacaona… On ne s’est jamais rencontrés, mais on s’échange les bons plans lecture 😊)
Histoire des révoltes panafricaines de CLR James. J’avais toujours lu sur CLR James sans jamais l’avoir lu, lui… C’est un philosophe (on le surnomme le « Platon noir ») injustement méconnu. En tout cas, ce petit livre très accessible dans la pensée est super intéressant. Et quand on apprend qu’il l’a écrit en 1938… Là encore, on a une pensée décoloniale surprenante de modernité.
Le Triangle et l’Hexagone, de Maboula Soumahoro : une lecture stimulante pour penser à une françité qui englobe aussi les populations racisées, et pour un récit national qui arrête de nier le fait colonial… Rapide à lire, et qui donne néanmoins matière à penser.
Les subalternes peuvent-elles parler ? de G. Spivak. Un grand classique des études post-coloniales, là encore j’en entends toujours parler sans l’avoir lu. Donc je vais m’y mettre – même s’il n’a pas l’air des plus faciles à lire.
Enfin, dernier essai (sur le haut de la pile) : Classer, dominer, qui sont les autres ? de Christine Delphy. Le titre m’a plu instantanément ! Première fois que je lis Delphy, même si je la connais de nom. En toute franchise, cette « vieille » féministe des années 1970 ne m’attirait que moyennement… Mais pour l’instant, j’en suis à la moitié de ma lecture, et suis plutôt séduite par sa critique de l’instrumentalisation du féminisme, et/ou de l’islamophobie ambiante. Et elle a un style plutôt marrant, sans prétention.
Et les essais chez Anacaona ?
Le petit dernier est l’Appropriation culturelle. Pour remettre un peu d’ordre dans ce concept utilisé à tort et à travers… Me concernant, il a vraiment mis les choses au clair ! Vous pouvez également aller voir le petit dossier que j’ai préparé à ce sujet ici.
Nous avons également sorti le Petit manuel antiraciste et féministe de Djamila Ribeiro. Au Brésil, il caracole en tête des ventes, signe d’une prise de conscience. Et en France, nous venons de faire un deuxième tirage ! Ce livre permet de s’interroger, d’agir, de réfléchir. A mettre entre toutes les mains, initiés et non-initiés. Offrez-le ! Je le recommande dès l’adolescence.
N’hésitez pas à aller voir les autres essais que nous avons publiés ici.
Un peu de fiction, maintenant ! Direction les USA – même si je fais attention car si on ne prend pas garde, ils envahissent facilement nos bibliothèques !… c’est aussi ça, l’impérialisme 😒
Mais je suis une grande fan de Philip Roth. Il a le don pour vous entraîner dans des secrets familiaux dont on n’a pas idée au début. J’avais lu Pastorale américaine il y a quelques années, j’ai envie de le relire cet été. (ou alors, si vous ne l’avez pas lu, le classique La Tache).
Brit Ennett : Le coeur battant de nos mères. Eh bien, je ne l’ai pas lu, mais on ne m’en a dit que du bien !!! J’attends de voir. Un autre roman pas lu : Demi-teinte, de Danzy Senna : l’histoire d’une jeune fille noire à la peau claire, ballotée entre deux milieux : ça ne pouvait que m’attirer 🙄. Pas encore lu, mais j’ai hâte !
L’oeil le plus bleu, de Toni Morrison : parce que Toni nous a quittés en août dernier… Petit hommage pour penser à elle. J’avais lu ce livre il y a une bonne dizaine d’années, et j’avais ADORÉ.
Côté français…Pays-mêlé, des nouvelles de Maryse Condé… Les familles sont souvent brisées, la société ultra hiérarchisée par la « pigmentocratie »… L’écriture est maîtrisée, même si ça manque parfois d’émotion…
Là où les chiens aboient par la queue de Estelle-Sarah Bulle (il n’est pas sur la pile parce que je l’ai prêté à une copine) : Une belle histoire familiale où l’histoire de la Guadeloupe se superpose à celle de cette famille. L’auteure évoque les difficultés de l’île, l’exil en masse vers la métropole, le modèle de développement post-colonial…. et au milieu, des personnages et une Guadeloupe incroyablement attachants. A lire !
Enfin, George, d’Alexandre Dumas : de temps en temps, j’aime bien les classiques. Le début est souvent difficile, car on n’a plus l’habitude de ces longues descriptions. Mais justement, ça nous fait baisser le tempo. Relax…. Et une fois qu’on est dedans, il n’y a pas à dire, ça sent le chef d’oeuvre. Ce roman méconnu de Dumas a pour héros un jeune métis ambitieux, en butte avec le préjugé de couleur. Au 19e siècle, ça mérite d’être signalé !
Et la fiction chez Anacaona ?
Vous avez le choix entre les romans classiques de la collection Terra. Deux mentions spéciales cet été (et en promo !) : Vaste Monde : un roman qui fait tellement de bien… L’écriture est colorée, les personnages généreux et attachants… Foncez ! Dans un autre genre, La terre de la grande soif. Un roman historique sur une grande sécheresse qui a frappé le Brésil au début du 20e siècle… Attention, chef d’oeuvre !
Dans les romans, puisque je parlais de Toni Morrison plus haut, vous pouvez également (re)découvrir Conceição Evaristo. Mention spéciale à Banzo, mémoires de la favela. Un de mes romans préférés toutes catégories confondues 😊
Vous avez également les romans plus urbains, « polar », de notre collection axée sur les favelas ici.
Et les plus jeunes ?
N’oubliez pas les plus jeunes, avec nos deux albums : Tonton Couture, fait en collages de papiers, qui pourra vous donner des idées d’ateliers à la maison. Et Gaïa changera le monde, pour parler et agir écologie avec vos enfants.
Toute notre collection jeunesse ici.
Enfin, je rappelle pour les petits budgets ou les petites valises, que la plupart de nos livres existent également en ebooks ! Nous avons notamment rendu disponibles les deux premiers livres de Djamila Ribeiro ce printemps. Voir la liste de nos livres numériques ici.
Et puis, je vous prépare plusieurs livres pour la rentrée… Vous avez peut-être vu sur la photo Memorias da plantação, de Grada Kilomba. Nous publierons cet hiver cette artiste-intellectuelle dont le livre m’a bluffée, tout simplement ! Je vous en parlerai plus tard…
Sur ce… je vous souhaite un très bel été ! Nous avons eu un printemps agité… J’espère que l’été sera plus serein. Prenez soin de vous !