Joaquin Phoenix, sacré meilleur acteur à la cérémonie des British Academy Film Awards (BAFTA), donne un excellent exemple de ce qu’est la place de la parole, et en discute avec honnêteté, solidarité, courage.
Depuis sa place sociale, bâtie à partir d’oppressions réalisées sur d’autres groupes, l’acteur reconnaît ses privilèges, et critique son propre groupe. Il analyse les obstacles mis en place par la blanchité pour maintenir ses privilèges. Je le cite :
Je me sens partagé, car un grand nombre d’acteurs méritent d’être récompensés, mais n’ont pas le même privilège. Je crois que nous envoyons un message très clair aux personnes de couleur, en leur faisant comprendre qu’elles ne sont pas les bienvenues ici. Un message que nous envoyons à des gens qui ont pourtant tellement contribué à notre industrie, et dont nous bénéficions. (…) Je fais partie du problème (…)
Nous devons faire un vrai travail pour comprendre ce qu’est le racisme systémique. Je pense que les personnes qui ont créé, perpétué et profitent de ce système oppresseur ont l’obligation d’en finir avec lui. C’est à nous de le faire. »
Plutôt que de se détourner de sa responsabilité éthique, Phoenix comprend qu’il est en quelque sorte le problème. Comme le disait Djamila Ribeiro à propos de cette vidéo, “voici un exemple de débat honnête sur la place de la parole“. Un exemple de véritable comportement antiraciste – car il ne s’agit pas simplement de se dire non raciste, il faut agir antiraciste !
Pour en savoir plus sur ce concept, lisez l’essai de la féministe antiraciste brésilienne Djamila Ribeiro, intitulé justement La place de la parole. Il ne s’agit pas de s’interdire de parler – mais bien de reconnaître que nous parlons tous à partir d’une place sociale, et d’en reconnaître éventuellement les privilèges. Et en mars, vous pourrez également découvrir cela dans le Petit manuel antiraciste et féministe !