Les éditions Anacaona publient quelques livres jeunesse, pour ouvrir les enfants aux différences et servir d’exemples positifs pour les enfants racisés et peu représentés.
La diversité des personnages dans la littérature jeunesse joue un rôle fondamental dans le développement de l’enfant : «Un enfant doit penser son monde, comprendre qui il est, comment il est fabriqué et nourri. Et la littérature jeunesse peut justement servir de porte d’entrée » affirme le pédopsychiatre et chercheur en ethnopsychiatrie, Saïd Ibrahim, cité dans l’article de Slate sur ce sujet. « Mais si l’enfant ne se sent pas représenté dans des environnements qu’il identifie, dans des aventures qui pourraient l’inspirer ou dans des situations qu’il connaît, cela peut bloquer son imaginaire », prévient le pédopsychiatre.
Pour l’Association nationale américaine d’éducation (une association forte de 3 millions de membres qui défend l’école publique), « il est important que tous les enfants se voient dans les livres. »
Pour les élèves racisés, c’est personnellement validant et intellectuellement impliquant de se voir, et de voir ses expériences de vie, reflétées dans les pages des livres. Les bibliothécaires appellent ces livres des « miroirs ». Mais c’est tout aussi important pour les enfants blancs, car ces livres servent de « fenêtres » pour connaître les expériences des enfants de couleur.
Lorsque les seules histoires racontées dans les livres sont celles des personnes blanches, le message envoyé aux élèves noirs, hispaniques, asiatiques ou autres est clair : votre expérience ne compte pas.
Association nationale américaine d’éducation (NEA).
En outre, « si vous êtes un enfant blanc, qui ne voit et ne lit que des livres avec des enfants blancs, vous pouvez avoir un sentiment gonflé de l’importance de votre blanchité », affirme Mélissa McDonald, bibliothécaire dans le Maryland.
Les miroirs sont importants – et les fenêtres le sont tout autant.
Parfois, des instituteurs me disent que c’est un bon livre, mais qu’il ne concerne pas leurs élèves… car leurs élèves sont blancs. Quand j’entends ça, je me dis ‘Wouah ! Vous voulez seulement faire lire des livres à des enfants blancs qui parlent d’enfants blancs ?’
Maldonado, auteur de livres jeunesse, instituteur
Un bon livre aide à connaître les expériences des personnes qui n’ont pas la même race, religion, orientation sexuelle, statut social… Un bon livre enseigne l’empathie. Un bon livre montre que tous les enfants ne vivent pas comme l’enfant qui lit le livre (la « fenêtre sur le monde ») !
Voilà pourquoi les éditions Anacaona publient quelques livres jeunesse, en général une fois par an. Ce n’est pas notre coeur de métier, mais on considère que c’est important !
Enfin, je recommande par ailleurs le compte Instagram Mon fils en rose, qui met en avant des livres avec des personnages racisés (et aussi écrits par des personnes racisées). Je reprends ainsi ses mots du 21/07/2020 :
« Qui écrit nos histoires ? Il y a quelques temps je parlais statistiques ethno-raciales des personnages principaux à lire dans la littérature jeunesse et d’invisibilisation des personnages racisés par l’utilisation exagérée des animaux. Mais la question des représentations n’est pas simplement ce qu’on voit dans le produit fini, que ce soit un livre, un jeu, un film. »
« D’après l’étude du Cooperative Children’s Book Center, School of Education, Université de Wisconsin-Madison, sur les 3 299 livres publiés en 2020 reçus, 71,5% ont été écrits ou illustrés par des personnes blanches.«
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