La Lavinia dérangée avait une odeur d’animal. De sueur et de désir. Elle était toujours à la limite de l’excitation. Et imprévisible. Un jour elle s’agrippa à moi dans le jardin, brusquement. Elle souleva sa robe – la robe verte que j’aimais tant – et m’agenouilla devant elle. Elle ne portait pas de petite culotte.
Un moment glorieux, certifié devant témoins : Zacharie, qui dormait comme une pierre dans son coin, et un autre que je vis seulement quand Lavinia me releva par les cheveux : le voisin, qui nous espionnait par-dessus le mur. Je me dis sur le coup : On est baisés. Je ne connaissais pas trop ce type, je savais juste qu’il s’appelait Dèce ou Decião, et que c’était un vieux pêcheur.
Qu’auriez-vous fait ?
Lavinia baissa sa robe.
Je m’essuyai la bouche d’un revers de la main, et dis la seule chose qui me sembla censée en cet instant :
Bonsoir !
Dèce répondit – et pendant quelques secondes, la situation me parut sous contrôle. Mais, n’ayant plus la merveilleuse petite chatte de Lavinia à regarder, il chercha une autre friche où poser ses yeux rougis de cachaça. Et il tomba sur les carrés où les pieds de marijuana s’épanouissaient si joliment que ça en faisait plaisir à voir.
Lavinia éclata alors d’un fou rire incontrôlable. Au point de m’en taper la poitrine. Et l’équilibre se brisa.
C’était écrit sur le visage de mon voisin qu’il ne trouvait pas cela drôle. Il balança la tête, contrarié, et disparut derrière le mur. Je me mis à rire moi aussi. Nerveusement. Lavinia en pleurait et mit du temps avant de pouvoir se contrôler. Quand enfin elle se calma, elle descendit la braguette de mon pantalon et dit :
Bon, puisqu’il a déjà vu…
Et elle s’agenouilla devant moi.
Une folle.
Extrait de L’Océan dans lequel j’ai plongé sans savoir nager. Plus d’infos ici
Note : la photo est extraite de l’adaptation cinématographique de L’Océan dans lequel j’ai plongé sans savoir. Voir la bande annonce ici