Un peu avant la Journée internationale des femmes, l’écrivain brésilien Luiz Ruffato dénonçait la condition de la femme au Brésil. Voici une traduction résumée de son article publié dans El Pais Brasil.
Selon les sondages, 54% des Brésiliens questionnés connaissent au moins une femme qui a déjà été agressée par son partenaire, 56% connaissent au moins un homme qui a déjà agressé sa partenaire…
L’Etat de São Paulo, à lui tout seul, produit un tiers du PIB du Brésil ; cet Etat compte deux universités placées entre les plus renommées du monde (USP et Unicamp) ; la ville de São Paulo est l’une des plus grandes et des plus riches de l’Amérique Latine et offre la plus grande diversité culturelle. Pourtant, dans ce même espace géographique, le Département de sécurité publique, l’année dernière, a enregistré un viol par heure ! 9.888 cas de viols ont été notifiés en 2016, une augmentation de presque 7% par rapport à 2015. A São Paulo, on rapporte six viols par jour soit une hausse de 10% par rapport à l’année précédente.
Les chiffres concernant le Brésil sont encore plus effrayants. Selon le Forum brésilien de sécurité publique, toutes les 11 minutes et 33 secondes une femme est violée au Brésil, c’est-à-dire, cinq femmes par heure. Cependant, il y a fort à craindre que ces estimations soient en fait sous-estimées. Selon l’institut de recherche économique appliquée (Ipea) il y aurait 527 000 tentatives ou viols exécutés par an au Brésil parmi lesquels seulement 10% sont vraiment rapportés auprès de la police. Selon l’Institut Paix, 23% des victimes ont entre 11 et 15 ans, dans 58% des cas, le violeur est connu des victimes ; et 29% ont ou ont eu quelque type de relation amoureuse avec les victimes.
Dans le classement de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le Brésil occupe la cinquième place mondiale des pays où l’on tue le plus de femmes. Un tiers de ces crimes a lieu chez la victime, et est dû à une rupture sentimentale non acceptée par le partenaire. Des études montrent qu’une partie non négligeable de femmes brésiliennes se sentent plus en sécurité dans l’espace public que dans leur propre foyer…
Luiz Ruffato rappelle la loi qui vient d’être votée dans la Russie de Poutine, qui, entre autres, dépénalise la violence domestique qui ne porte pas sérieusement atteinte à la santé de la victime, et qui juge intolérable l’ingérence de la justice dans la vie de famille…. Et le “détail qui tue” souligne-t-il : ce projet de loi a été mené par deux femmes, députés et sénatrices du parti de Poutine… En Russie, comme au Brésil, pays du carnaval, il semblerait que l’on ne se mêle pas des affaires entre mari et femme…
La dénonciation de toute agression et harcèlement est nécessaire pour changer la donne ! Il faut s’élever contre cette culture du viol.
Vous retrouverez plusieurs nouvelles sur ce thème dans Je suis encore favela (2018). En attendant :