C’est tellement inhabituel que cela mérite d’être signalé : des écrivains français se prononcent sur la situation au Brésil, notamment des écrivains de romans noirs et polars, parmi lesquels Fred Vargas, une des auteures contemporaines française les plus célèbres de romans noirs.
Les romans brésiliens des éditions Anacaona sont apolitiques : chez nous, pas de PT, PSDB, ou autres. On s’en fiche ! Ce qui nous intéresse, c’est l’idéal engagé, et le social, bien sûr. Mais une fois n’est pas coutume, et la situation politique brésilienne l’impose.
Alors que le parlement brésilien est sur le point d’entamer la deuxième phase de la procédure de destitution de la présidente (le 11 mai, sa destitution doit être ratifiée par le Sénat, ce qui entraînerait sa mise à l’écart), les écrivains viennent de lancer une pétition en faveur du maintien de la présidente Dilma Rousseff.
Leur pétition est disponible ici : Avaaz.org. En voici un extrait :
Ecrivains de polars et de romans noirs, nous tenons, en tant que tels, à exprimer notre soutien à Dilma Rousseff, présidente du Brésil, menacée de destitution par un putsch institutionnel. Parce que le roman noir est un genre engagé politiquement et socialement, parce qu’à travers nos romans nous portons un regard critique sur la société et ses dérives, parce que nous écrivons aussi pour témoigner.
(…) Quels sont ces faits qui nous inquiètent vivement et motivent notre prise de parole ?
Le Parlement brésilien est sur le point d’entamer, le 11 mai, la deuxième phase d’un long processus visant à destituer la présidente Dilma Rousseff, élue avec plus de 54 millions de voix.
Un processus que nous considérons comme un putsch juridico-politique.
La Chambre des députés, à majorité conservatrice, a voté l’impeachmentsur une base juridique très faible et avec des accusations inconsistantes. L’objectif est uniquement politique. C’est un président de la Chambre, Eduardo Cunha, mis en examen pour plusieurs faits de corruption, qui fomente ce putsch contre une femme intègre mais gênante pour ce député et ses amis.
D’autres parlementaires, eux aussi sous le coup de mises en examen pour corruption, ont invoqué Dieu, ou leur famille, pour justifier leur vote en faveur de la destitution. Le député Jair Bolsonaro est même allé jusqu’à dédier son vote à la mémoire du colonel Carlos Alberto Brilhante Ustra, le tortionnaire de Dilma, alors âgée de 23 ans, sous la dictature militaire brésilienne.
Les successeurs de ceux qui ont perpétré le coup d’Etat de 1964 sont aujourd’hui ceux qui manigancent ce putsch parlementaire. Les manœuvres juridico-politiques remplacent les chars mais l’objectif est le même : répression, fin des politiques sociales et d’éducation, accaparement des richesses.
Nous voulons faire savoir haut et fort que nous soutenons la présidente Dilma Rousseff et nous appelons tous les démocrates à faire de même.
Premiers signataires : Hamilton Dos Santos Ancien exilé politique brésilien, et les écrivains de romans noirs et polars : Gildas Girodeau, Gilles Del Pappas, Laurence Biberfeld, Gérard Alle, Roger Martin, Patrick Mosconi, Fred Vargas, Dominique Manotti, Valerio Evangelisti Catherine Diran, Max Obione, André Fortin…
Cette pétition a été relayée par de nombreux médias, notamment Libération.
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