Plinio Marcos, artiste maudit des années 1970-80
Plínio Marcos (1935-1999), auteur auto-proclamé marginal, est impressionnant : écrivain, acteur, journaliste, dramaturge, ce touche-à-tout a reçu les principaux prix nationaux (dont le prix Jabuti (plus haute distinction littéraire brésilienne) dans tous les genres qu’il a embrassés. Il a laissé 29 œuvres derrière lui : romans, pièces de théâtres, nouvelles.
Issu d’une famille de banquiers, il arrête l’école à 10 ans et fugue à 15 ans pour être manutentionnaire dans le port de sa ville natale, Santos. Il devient clown dans un cirque, cartomancien, plombier et vendeur ambulant… Il sera aussi chroniqueur, journaliste, dramaturge et romancier. Il finit dans l’indigence à vendre des livres dans les files d’attente des théâtres et dans la rue pour survivre : choix de vie d’un homme libre et bohème, au franc-parler notoire et indisposé au consensus.
Auteur férocement politique et impoli, son irrévérence lui a valu le surnom de « dramaturge maudit » et une forte répression par la censure, avant et pendant les années de plomb, ainsi qu’une absence prolongée dans le milieu de la culture : impossibilité de jouer dans certains théâtres, invisibilité dans les circuits de diffusion.
Écrivain indésirable mais sans concession, acerbe et engagé en faveur des laissés pour compte, il l’a été dans une période ou la critique sociale n’était pas tolérée. Il a favorisé l’émergence de la figure du marginal sur la scène littéraire brésilienne du XXème siècle.
Ses expérience sociales et professionnelles dans les bas-fonds de la société brésilienne lui permettent d’écrire une littérature hyper-réaliste, tenant de la chronique. Les marins, les prostituées, les voyous, tous ces anti-héros des marges peuplent son œuvre. Il se surnomme d’ailleurs lui même le “reporter des temps mauvais”.
On dit que son style relève de la « réalité fictionnelle », tellement la ressemblance avec la réalité est troublante.
Ce réalisme littéraire, fortement ancré dans le théâtre, utilise l’oralité comme un ressort stylistique majeur.
À sa sortie, Kéro a été consacré comme roman de l’année 1976 par le Cercle des critiques d’art de São Paulo (APCA) et est vite devenu culte.
Enfin, pour la petite histoire… Marcelino Freire, Ferréz, Rodrigo Ciriaco sont de fervents admirateurs de Plinio Marcos. La génération actuelle d’auteurs de la “littérature marginale brésilienne” y voit un père littéraire, un visionnaire qui a permis à une partie des plumes brésiliennes actuelles d’être ce qu’elles sont aujourd’hui. Plinio Marcos avait donc toute sa place dans la collection Urbana des éditions Anacaona, dont le leitmotiv est “écrire est une arme”.
Les oeuvres de Plinio Marcos ont été adaptées au cinéma et au théâtre, et traduites en plusieurs langues.