En effet, la favela, au-delà ses des problèmes qu’il ne faut pas passer sous silence, est aussi pleine de vie, d’idées, de créativité, d’ambitions : Un désir immense de dépasser les idées reçues et le fait d’habiter dans un des quartiers les plus violents de Rio de Janeiro, dépasser un futur bouché.
De nombreuses personnes, comme Otavio, ont envie de faire bouger les choses, et développent des projets – culturels, économiques… Impossible de tous les mentionner. En voici juste quelques-uns, pour vous montrer que dans la favela, ça bouge ! Et plutôt que d’attendre les bras croisés que la situation s’améliore, il faut se mobiliser. Tout le monde peut agir, à son échelle !
Voici quelques projets qui font bouger les favelas !
La culture à l’ordre du jour !
Les saraus— c’est un événement gratuit où chacun peut aller sur scène pour réciter un texte qu’il a écrit, ou le texte d’un autre. Il n’y a ni compétition ni jury : ce qui compte, c’est de s’exprimer ! Les Brésiliens écrivent, les Brésiliens lisent, les Brésiliens montent sur scène et ils partagent cela tous ensemble lors de soirées mémorables, chaleureuses et pleines d’ambiance. Les éditions Anacaona publient de nombreux textes issus du mouvement des saraus, et on les retrouve notamment dans les recueils de nouvelles Je suis favela, Je suis toujours favela et Je suis Rio, pour les lecteurs grands adolescents et adultes.
Les saraus pourraient ressembler à ce qu’on appelle en France des concours d’éloquence, ou des batailles poétiques, ou encore du slam… C’est un mouvement culturel de plus en plus important au Brésil, et surtout dans les favelas. À Rio, la FLUPP est un sarau très connu.
Nous, femmes de la périphérie, est un collectif où les femmes de la périphérie, transformées en journalistes, parlent de la banlieue de São Paulo. Ce sont ainsi des informations très locales – culturelles, économiques, sociales – sur ce qui se passe à côté de chez elles. C’est une vision alternative sur les problèmes, la culture et les talents des favelas. Pour voir le site internet de ce collectif, cliquez ici.
Les favelas se préoccupent aussi de l’écologie et sont de plus en plus reconnues pour leurs idées novatrices et leurs initiatives durables…
L’ONG Verdejar agit dans le Complexe de l’Alemão, la favela d’Otávio. Elle cherche à reboiser cette zone, et fait des actions de sensibilisation écologique auprès des habitants. L’ONG a permis de protéger cette dernière zone boisée du nord de Rio de Janeiro, la Serra da Miséracordia, qui était très polluée. Aujourd’hui, ce sont 40 kms² de forêt qui sont préservés – le poumon vert du Complexe de l’Alemão !
C’est un non-sens de gâcher autant de nourriture ! Contre le gaspillage alimentaire l’ONG Favela Organique, adepte du mouvement slow food (éviter les plats cuisinés, manger local, sauver la biodiversité alimentaire, etc.), apprend aux habitants de la favela Babilonia (et d’ailleurs) des recettes créatives à partir d’aliments qui sont normalement jetés : épluchures d’oranges et de légumes, herbes, etc. Cela permet de faire des économies d’argent, et en plus c’est bon pour la santé ! Pour visiter la page Facebook de Favela Organique cliquez ici.
La mode a aussi sa place dans les périphéries de Rio
De nombreuses initiatives liées à la mode ont vu le jour dans la favela car style et esthétisme sont aussi très appréciés dans les quartiers populaires. Souvent, c’est une façon de lancer sa propre petite entreprise, mais aussi de s’engager pour son quartier, de porter haut et fort les couleurs de sa favela, de ses origines, et d’en être fiers : « Oui, je suis favelado, et alors ? »
De nombreuses marques sont ainsi nées : Yasuke, Charme favela, ou encore le projet EcoModa. Ainsi, les habitants des favelas font preuve non seulement de style, mais aussi d’inventivité. Le projet EcoModa, par exemple, a réuni des habitants de la favela de la Rocinha, à Rio, pour créer ensemble une collection inspirée dans les rues de la favela. Les participants de ce projet ont reçu des cours de mode et ont produit de façon artisanale divers vêtements et accessoires en se servant de lambeaux de tissus, de plastique et d’autres matériaux recyclables. L’idée a tellement bien fonctionné que les responsables du projet cherchent à faire d’autres collections !